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    La crise (politique) du 6 février 1934: la France au bord d'un coup d'état fasciste ?

     

       

        Source ina.fr  

     

    Rappels : Au début des années 30, la France est - comme les autres pays d'Europe (ex: Allemagne) - touché par une grave crise économique - partie des États-Unis - dont elle pensait pouvoir être épargnée par des mesures économiques et le repli sur son empire colonial...

    Partie des États-Unis en 1929, la crise économique se fait sentir en France (NB : et en Allemagne !) à partir de 1931, provoquant une baisse de la production industrielle et une forte montée du chômage.

    Cette crise économique et sociale se double d'une crise politique car la République (NB: la IIIe République) est de plus en plus contestée par des groupuscules et des ligues d'extrême-droite, comme par exemple l'Action française, antiparlementaires. Ces groupuscules et ligues d'extrême-droite (constitués notamment d'anciens combattants) réclament un pouvoir (exécutif) autoritaire et fustigent l'instabilité gouvernementale. En fait, ils prônent des thèses fascistes. Certains réclament même un régime comparable à celui de l'Allemagne nazie !  Le fait aussi que de nombreux parlementaires sont liés à des scandales politico-financiers contribue à augmenter leur audience. En effet, ils gagnent des militants en dénonçant la corruption qui règne au sein de la République (dont certains disent qu'elle est "pourrie" car elle fait l'affaire des "voleurs"). Le 6 février 1934, ces groupuscules, ligues d'anciens combattants et partis d'extrême-droite sont à l'origine d'une manifestation qui tourne à l'émeute devant l'Assemblée Nationale (palais Bourbon). Il y eu des une dizaine de morts et des centaines de blessés. Pour les partis de gauche, cette manifestation est perçue comme une tentative de coup de force fasciste.

    C'est donc dans ce contexte que les partis de gauche (socialistes, communistes et radicaux) vont s'allier pour faire barrage au fascisme. Les partis de gauche décident donc de faire alliance en créant un front (= alliance) pour se présenter aux élections législatives. Cette alliance appelée le "Front populaire" remporte les élections législatives de 1936.

    Dès l'arrivée au pouvoir du front populaire grâce à sa victoire aux élections législatives de mai 1936, la France est paralysée par une vague de grèves sans précédent qui touche près de 2 millions de salariés. Pour les ouvriers, il s’agit de faire pression à la fois sur le patronat et le gouvernement pour qu’ils engagent rapidement des réformes sociales afin d’améliorer la condition ouvrière.

    Le gouvernement de front populaire, avec son chef Léon Blum, prend des mesures majeures connues sous le nom des accords de Matignon, signés le 7 juin 1936 : la mise en place de 2 semaines (15 jours) de congés payés par an aux salariés, passage à la semaine de 40h, l'augmentation des salaires (dans une fourchette allant de 7% pour les plus hauts à 15% pour les plus bas). Par ailleurs, les conventions collectives (accords entre salariés et patronat) sont encouragées. Autant dire du jamais vu !

    Toutes ces mesures ont participé à l'euphorie de l'été 1936. On parle souvent d'embellie de l'été 1936 qui vit les Français pour la première fois véritablement partir en vacances à la plage notamment, en tandem, en chantant....L’accès aux loisirs (comme par exemple la fréquentation des musées) et aux sports augmente de façon importante. 

      

    Malheureusement, le Front populaire se divise rapidement face à la guerre d'Espagne : les communistes quittent le front populaire qui, à leurs yeux, n'aide pas assez les républicains espagnols tandis que le général Franco est soutenu par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. 

    On reproche souvent par ailleurs au Front populaire d'avoir mal préparé la Seconde Guerre mondiale et le fait que tout compte fait bien qu'ayant fait barrage à la montée du fascisme, leurs mesures économiques furent un échec à moyen terme. 

      

    Quoiqu'il en soit, même si le Front populaire a été dépassé par l’ampleur de la crise économique, même s’il n’a pas su bien préparé l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale (NB : Blum avait toutefois fait voter une loi augmentant le budget des armées), il a contribué à sauver la France d’une dérive fasciste, a suscité un espoir immense dans la classe ouvrière et l’ « épisode » de son gouvernement en particulier les mesures sociales des accords Matignon restent à jamais gravés dans la mémoire collective de tous les Français. 

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